Platon
La connaissance humaine est très diverse et multidimensionnelle. C’est Platon qui nous montre cette diversité dans une métaphore de la ligne (République, 509d-511e). Il compare les capacités cognitives humaines à des parties inégales d’un certain segment. D’abord le segment est divisé en deux parties. La première représente le genre visible (sensible) de la connaissance. Ce genre n’est pas sûr et fiable. Il concerne les croyances croyances, convictions et opinions. Platon l’appelle dόxa (gr. δόξα – opinion, sentiment, avis, jugement, croyance). La seconde représente le genre invisible (intelligible). La connaissance propre à ce genre est sûre et fiable. Il l’appelle epistémè (gr. ἐπιστήμη – science, connaissance, savoir acquis par l’étude).
La première partie de la ligne (dόxa) est divisée encore en deux. On distingue ici eikasίa (gr. εἰκασία – représentation, image, comparaison) – une quasi-connaissance (par l’intermédiaire des images sans contact avec l’objet), et pίstis (gr. πίστις – foi, confiance, croyance) – la connaissance sensitive.
Pareillement la deuxième partie de la ligne (epistémè) est divisée en deux. On distingue ici diάnoia (gr. διάνοια – pensée, réflexion, raison, opinion, dessein, intention) – la connaissance rationnelle, discursive, et nόesis (gr. νόησις – faculté de penser, intellect, intelligence, esprit) – la connaissance intellectuelle, noétique.
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connaissance | objet | ||
---|---|---|---|
δόξα opinion |
εἰκασία | imaginations, associations | images, reflets des objets sensibles |
πίστις | croyances, convictions | objets sensibles | |
ἐπιστήμη science |
διάνοια | connaissance rationnelle (discursive) | objets hypothétiques, mathématiques |
νόησις | connaissance intellectuelle (intuitive) | idées, principe non-hypothétiques |
D’après Platon, on peut distinguer donc quatre espèces de la connaissance humaine :
- la quasi-connaissance où l’objet reste inconnu parce que l’on ne touche que ses images ;
- la connaissance sensitive où l’on touche l’objet mais seulement par ses accidents ;
- la connaissance rationnelle où l’on saisit l’essence de l’objet mais d’une façon indirecte, c’est-à-dire par les hypothèses et les inférences ;
- la connaissance noétique (intellectuelle) où l’on saisit l’essence de l’objet directement.